mardi 11 mai 2021 Mon deuxième accouchement et l'arrivée de cette petite fille tant attendue.



On dit que chaque grossesse et chaque naissance sont différentes.

J'ai vécu ma première grossesse un peu détachée. J'étais sur la réserve, et j'avais peur de m'attacher à ce bébé tant que je ne l'avais pas dans les bras. J'avais eu beaucoup de mal avec le fait que mon corps ne soit plus miens, et de ne plus pouvoir tout contrôler. Je n'étais pas fan des maux de grossesses, qui étaient les même que cette fois-ci, mais avec une sciatique bien corsée en plus.

Augustin est né en avance à 38 sa. L'accouchement a été long avec un début de contractions le jeudi à 19h, un départ à la maternité à 5h du matin, une prise de morphine à 8h, la pose de la péri à 12h pour une naissance à 19h36 après 30 min de poussées. J'ai accueilli mon fils en douceur avec des larmes de soulagement et de bonheur.

Contrairement à la première fois, je me suis complètement plongée dans cette nouvelle grossesse et j'en ai savouré chaque instant. Je me suis autorisée à aimer ce bébé dès la première seconde où j'ai su qu'il était là. Suite à mon premier accouchement, j'appréhendais plus le post partum que l'accouchement en lui même. Si cette fois-ci, je savais que je voulais également une péridurale, j'avais envie d'essayer de tenir le plus longtemps possible sans, afin de pouvoir accompagner au mieux mon bébé. L'objectif étant d'être vraiment actrice de mon accouchement et ne pas attendre comme la première fois de longues heures allongées sur un lit. Je ne savais pas si j'allais y arriver, mais c'était un souhait : tenir le plus longtemps possible avant la péri. J'avais écouté pas mal de podcasts qui m'avait donné quelques clés, mais je n'avais pas spécialement approfondie le sujet, je n'ai pas fais de préparation spécifique (avec le recul, j'aurais dû ^^')

Mon terme était prévu le 25 décembre. J'espérais vraiment que notre petite princesse arrive avant, ce qui a rendu l'attente encore plus longue. Je m'étais dis que c'était largement possible, vu mon premier accouchement, grave erreur 🙈 Comme pour la première fois, je ne pensais même pas atteindre mon rendez-vous du 9ème mois, eh bien perdu 😅

Le premier jeudi de décembre, le 3 exactement, j'ai eu mon rendez-vous du 9ème mois avec ma généco et il se trouve que surprise mon col était mou, et ouvert à 2 doigts. À ce stade voyant que je suis vraiment épuisée à cause de la mycose vaginale qui m'empêche de dormir et à la vue de l'état de mon col, elle m'a proposé de donner un petit coup de pouce en faisant un décollement de membranes. L'objectif de cette manipulation étant de provoquer une libération d'hormones pour aider le travail à se lancer.

Je ressors de l'hôpital toute confiante et heureuse, en me disant que ce n'est désormais plus que l'histoire de quelques heures ou jours; même ma généco était hyper confiante et pensait que ça arriverait dans le weekend. La journée s'est passée normalement, sans aucun signes et puis à partir de 19h, des contractions ont commencé à s'installer gentillement. J'ai donc terminée les sacs pour la maternité au cas où. Vers 1h30 du matin, on décide d'aller voir ce qu'il en est, puisqu'a la vue de mon col, ma généco m'avait conseillé de ne pas trop attendre à la maison (on vit à 25min de la maternité) En arrivant là-bas, on me fait un monitoring, puis les sages femmes me disent qu'on va laisser évoluer tranquillement. Vers 4h, plus rien ! Les contractions se sont peu à peu espacées jusqu'à s'arrêter. Nous sommes donc rentré à la maison à 6h du matin. Verdict : faux travail et une nuit blanche dans les pattes, pour rien ^^'

Les jours suivant les contractions s'installent un peu le soir, cessent quand je vais me coucher et se relance parfois dans la nuit, puis s'arrêtent. Autant dire qu'entre ça et la mycose, je dors très mal. La fatigue s'accumule, autant physiquement que mentalement.

Le mardi 8 décembre au matin, j'avais rendez-vous avec une sage femme pour une séance d'acuponcture afin de préparer le col à l'accouchement. Pour Augustin, j'avais également fait une séance, c'était un lundi et j'avais accouché le vendredi. Lors de la séance, je n'arrêtais pas de contracter, même la sage femme n'en revenait pas car elle voyait mon ventre se déformer et les contractions étaient longues.

Le lendemain, le 9 décembre, ça commence à contracter vers 17h. David rentre du travail, la soirée se passe : on regarde un, deux films le temps de voir comment ça évolue. À deux heures du matin, les contractions sont bien présentes, on retourne à la maternité. De nouveau monito et puis, on laisse le temps faire son oeuvre. La sage femme décide de m'hospitaliser donc on me fait un test PCR. Ensuite sage-femme et interne tente de poser une perf (ce qui est le protocole) sans succès. Mes veines roulaient sous l'aiguille ^^' l'interne a essayé pendant de très très longues minutes que j'ai trouvé interminables tellement elle me charcutait. Je sentais l'aiguille se tordre dans tous les sens dans ma main et je revoie le regard de David en train de se dire "mais qu'est-ce qu'elle fou 😨?". Finalement, ils ont dû appeler l'anesthésiste pour me la poser 🙈

Et là, vous ne savez pas la meilleur ? Eh bien tout s'arrête une nouvelle fois vers 5-6h du mat'. La sage femme me propose donc de retenter un décollement de membrane. Alors qu'avec ma généco je n'avais absolument rien senti une semaine avant, là j'ai eu tellement mal !! Mon col étant irrité par la mycose que je traînais depuis bientôt 9 mois, chaque osculation était extrêmement douloureuse.

Vers 8h, j'ai été transféré en chambre. David est resté prêt de moi une bonne partie de la journée, mais rien ne se lançait. Comme tous les soirs, des contractions ont fait leurs apparitions pour s'arrêter de nouveau au milieu de la nuit.

Vendredi matin à 8h, le médecin de garde est passé, et il m'a dis que si mon prochain monito était bon, je pouvais rentrer à la maison. J'étais un peu deg de partir de la maternité une nouvelle fois sans mon bébé, car je fatiguais vraiment de la situation. Mais j'étais contente de pouvoir retrouver mon kiki. Du coup, toute heureuse je l'appelle pour lui dire que je rentre cet après-midi. Et là, l'enfant n'est pas du tout ravie, il râle car il n'y a toujours pas le bébé : bonjour la pression supplémentaire 🙈

La sage femme me pose le monito à 10h, et elle ne cesse de le prolonger encore et encore : elle n'arrivait pas à avoir un bon tracé. Elle me disait que ce n'était rien de grave, mais quand tu passes de 30 min de monito à 3h tu commences légèrement à angoisser 😅 À 13h, elle est venu en me disant " Bon vous allez manger, parce que je pense que vous avez faim et bébé aussi, et on reprendra après. Parfois quand les mamans ont faim les bébés font un peu n'importe quoi .." Ok ... si c'est pour me rassurer c'est loupé 🙈

Elle m'apporte mon plateau repas, je commence à manger. Mais là, je me sens vraiment bizarre. J'ai un trouble de la vison qui s'installe (je ne vois pas flou, mais j'ai l'impression d'avoir des sortes d’œillères, c'est assez étrange). Immédiatement, je pense à un début de malaise vagal parce que j'ai faim (j'y suis très sujette enceinte), mais je me rends compte que ça reste un simple trouble de la vision, je ne me sens pas partir (tomber dans les pommes). Il s'arrête au bout de 20 min.  Mon repas terminé, je rappelle donc la sage femme pour qu'elle me repose le monito et je lui explique. Elle me dit que c'est étrange, et me demande de la rappeler si ça recommence, puis repart.

Je suis sous monito depuis 5 min et là, je commence à ne plus sentir ma main gauche. Je la touche, la pince, mais rien. Je commence vraiment à paniquer, je rappelle donc la sage femme, puis ça s'enchaîne. Ce malaise sur ma main se dissipe, mais je commence à ne plus sentir mes lèvres, ma langue, mon nez et ma narine du côté gauche. À cet instant là, dans ma tête, c'est vraiment la panique totale. La sage femme arrive, me dit de me coucher sur le côté en pensant que je suis peut être assise sur une veine. Au bout de quelques minutes, ça passe ... mais je ne me sens pas en forme de manière générale. Elle me dit alors de me reposer et demande une consultation neuro.

Je dors un peu, ce qui me fait du bien même si ce n'est pas encore tout à fait ça, et j'ai hyper mal aux yeux comme quand je suis fatiguée, ça me tire. L'interne en neuro vient faire ma consulte et tout semble ok. Elle m'explique que j'ai certainement fait un malaise à symptômes AIT (Ils sont identiques à ceux d’un AVC ischémique, mais ils sont transitoires et réversibles. Ils durent généralement de 2 à 30 minutes, puis disparaissent complètement). Elle ajoute que je vais pouvoir sortir mais que je dois faire des examens supplémentaires dès la semaine prochaine.

Cependant suite à cela, la gynécologue de garde, ne veut prendre aucun risque et demande un IRM prévu le lendemain (samedi). Elle ne veut pas me laisser sortir comme ça, et surtout elle veut savoir si il n'y aucun danger à ce que j'accouche normalement.

Dès les premiers symptômes du malaise, j'avais prévenu David qui s'est empressé de me rejoindre. Il essayait de rien ne faire transparaître, mais j'ai très vite compris qu'il était loin d'être serein et que la situation le stressait.

Vers 18h30, il est retourné retrouver Augustin, et je me suis retrouvée de nouveau toute seule dans cette chambre avec mes angoisses à me poser milles et unes questions. J'étais hospitalisé à la maternité .. mon bébé ne se décidait pas à sortir, j'étais fatiguée et je me retrouvais à devoir passer un IRM alors que ma seule préoccupation devait être la venu au monde de ma fille ... Je me suis effondrée, j'étais totalement paniquée et je me suis dit, "c'est ça en fait, tu ne rencontrera jamais ta fille et tu ne reverras jamais ton fils ... tu vas y rester " J'ai pleurer de longues heures avant de m'endormir.

Le samedi matin, j'étais toujours pas mal angoissée et je suis allée passer mon IRM avec mon gros bidou et des contractions ... On m'a rapidement dit qu'à priori tout semblait ok, ce qui m'a permit de relâcher un peu la pression. En début d'après-midi, la sage femme est passée avec le compte rendu de la neurologue, l'IRM était bon, mais elle voulait que je passe également un Doppler qui est une échographie du flux sanguin au niveau du cou et de la tête. L'objectif étant de vérifier qu'il n'y ait pas de problème au niveau des veines et vaisseaux. Le Doppler fut prévu le lundi en début d'après-midi, et le rendez-vous avec la neurologue en fin d'aprem vers 18h, ce qui signifiait que j'allais passer mon weekend hospitalisé ... nouveau coup au moral ... je me retrouvais vraiment dans une situation que je n'aurais jamais imaginé .. Je ne comprenais pas ce qui se passait. La seule chose que je voulais, c'était soit rentrer chez moi, retrouver mon cocon en attendant l'arrivée de notre pouloulette, soit qu'elle se décide à arriver.J'ai passé une bonne partie de mon samedi à pleurer, et après des jours de contractions, je n'avais plus rien.

Quand je me suis réveillée le dimanche matin à 6h pour mon monito matinal, moralement ça n'allait pas du tout. Je n'en pouvais plus d'être toute seule, enfermée dans cette chambre ... mon fils me manquait, je ne l'avais pas vu depuis 3 jours maintenant ... bref, je ne faisais que pleurer, les larmes coulaient toutes seules, et c'était impossible de me retenir.
Et puis là, à 10h, je me souviens j'étais assise sur lit, quand j'ai entendu et sentit un gros pop' comme un ballon de baudruche qui explose, puis j'ai sentie un liquide tout chaud couler ... J'ai immédiatement compris que la poche des eaux venait de se percer, ce qui m'a reboosté immédiatement. Je me suis dis "ça y est ça bouge, enfin" ! J'étais super contente et en même temps, je n'étais pas tout à fait sereine, car si les résultats de l'Irm étaient bons, je n'avais toujours pas le feu vert pour accoucher normalement.

Je préviens alors la sage femme, et puis quelques minutes plus tard, elles sont plusieurs à débarquer dans ma chambre toutes contentes avec la généco de garde, c'était limite festif ^^' il n'y avait que moi dans le service en maman enceinte, du coup, elles avaient hâtes et elles ont commencé à lancer les paries 🙈 autant vous dire que tout le monde a perdu 😅 J'avais prévenu David qui est venu me rejoindre pour rien ... zéro contraction ! Alors que cela faisait des jours que j'en avais, là il n'y en avait plus aucune ! On était clairement dépité ! J'ai marché en rond dans ma chambre, fait des squattes 😂 et rien, nada. À 16h, il est donc reparti retrouver Augustin et moi, je me suis remise à pleurer, je me sentais abandonnée. C'était dur de me retrouver à nouveau seule ... mais il n'y pouvait rien. Qui plus est, je commençais vraiment à culpabiliser, j'avais l'impression que c'était de ma faute si rien n'avançait.

Pour Augustin, on avait dû me percer la poche des eaux juste avant la poussée, donc c'était une grande première. J'ai ainsi découvert que ça coulerait jusqu'à la sortie de bébé et qu'il y en aurait quasiment toujours autant car le liquide se renouvelle 😅 L'avantage, c'est que je ne ressentais plus les désagréments de la mycose, mais ça coulait absolument partout ... malgré les serviettes immenses, dès que je me levais, plaf, ça faisait une grosse flaque par terre 🙈 J'ai donc une nouvelle fois très mal dormi en me réveillant toutes les heures. Ayant peu de rechange, car je n'avais prévu que 3 jours post accouchement ... j'étais obligée de sécher mes leggings au sèche cheveux e, les lavant à la main de temps en temps mdr ! Bref je m'en souviendrais de cette fin de grossesse. Comparé à celle-ci, celle d'Augustin a été tellement agréable et paisible.

À savoir que quand, la poche des eaux se perce, et qu'aucun travail se lance, il faut ensuite prendre des antibio toutes les 6h pour éviter quelconques infections, et s'il ne s'est toujours rien passer en 48h, c'est direction le déclenchement. Donc, soit mademoiselle se décidait, soit je serais déclenchée le mardi matin à 10h.

Lundi 14 décembre

Nouveau réveil à la maternité et dernier jour pour que bébé se décide à venir de lui-même, mais aucune contractions à l'horizon. J'ai le droit comme tous les matins à mon monito et j'ai rendez-vous en début d'après-midi pour mon Doppler. La personne qui effectue le Doppler ne trouve rien d'anormal hormis un flux sanguin plus rapide du côté droit, ce qui est typique des migraines. Je remonte dans ma chambre soulagée, maintenant je n'ai plus qu'à attendre le rendez-vous avec la neurologue en fin de journée. Je la rencontre à 18h, elle me pose beaucoup de questions. L'entretien dure 1h, et elle m'explique mes résultats. J'aurais fait une migraine avec Aura, qui est une migraine caractérisée par l'apparition de troubles neurologiques transitoires avant la crise migraineuse. Ce sont des troubles qui ressemblent aux symptômes d'AVC, et suite à cela on peut avoir mal à la tête ou non. Dans mon cas, ça avait été plus ophtalmique. Elle m'a expliqué que ce genre de migraines était plus répandue chez les femmes sensibles aux hormones. Dans mon cas, les hormones jouaient aux montagnes russes depuis quasiment une semaine et demi avec les deux décollements de membranes, les contractions qui durent des heures et s'arrêtent ... le tout associé à la fatigue qui s'accumule, cela a engendré mon malaise. Elle m'a donc donné le feu vert pour accoucher normalement.

J'étais tellement soulagée ... après ces derniers jours, je retrouvais enfin un peu de sérénité. Je suis arrivée dans ma chambre vers 19h, et là de nouvelles contractions ont commencé à faire leurs apparitions alors que je n'en avais plus eu depuis samedi soir. Une preuve de plus pour moi qui pense que le corps et l'esprit sont vraiment liés. Inconsciemment mon corps s'était un peu mis en stand by jusqu'à avoir le feu vert.

Les contractions se sont rapidement bien installées alors vers 23h la sage femme de garde m'a transféré en salle de travail, afin de faire un monito. J'y suis restée jusqu'à 00h30 et comme tout était ok, elles m'ont renvoyé en chambre pour que je me repose et que je revienne quand ça se serait accentué. Eh bien ça s'est de nouveau arrêté. Juste incroyable, on ne comprenait pas pourquoi ça se stoppait à chaque fois. En quasiment une semaine mon col avait un peu bougé avec les contractions, j'étais à 3 le lundi soir, mais visiblement, je ne passerais pas à côté du déclenchement.


Mardi 15 décembre

Après avoir dormi quelques heures, je me réveille à 6h30 et je me prépare mentalement a être déclenché à 10h. J'appréhendais pas mal, car j'avais entendu certaines choses concernant le déclenchement. Premièrement que ça ne fonctionnait pas tout le temps du premier coup et deuxièmement que les contractions étaient beaucoup plus dures puisqu'elles ne viennent pas naturellement; Lors d'un travail naturel les contractions arrivent par "vagues" ce qui permet de les accueillir aux mieux. On les sent arriver, elles montent, et elles redescendent avec un laps de repos entre chaque.

En me préparent, je prends une dernière photo de mon bidou et à 9h30, David arrive. À 10h, on nous accompagne en salle de naissance où l'on va me poser un tampon sur le col. S'ensuit une surveillance de 2h. 2h durant lesquelles je suis branchée au monito. Des contractions arrivent rapidement, mais elles sont comme les dernières fois. Elles ne sont pas plus violentes, elles partent du bas, remontent le long du ventre et redescendent. Je commence vraiment à désespérer en me disant que ça ne vas encore pas fonctionner, qu'on va devoir de nouveau attendre 24h ou 48h (je ne sais plus ce que nous a dis la sage femme) pour une nouvelle tentative.

Vers 12h30, la sage femme revient vers nous et me dis que je vais pouvoir retourner en chambre pour manger et attendre que ça évolue. Vu que j'étais en blouse d'hôpital, je remets mes vêtements et on prends la direction de la chambre. Ayant tout de même quelques contractions, je ne marche pas très très vite.

Quand on arrive dans le couloir de ma chambre, je dis à David "Ah, elles commencent à se corser et à taper dans le bassin". On arrive dans ma chambre vers 12H45. Je vais pour commencer à manger, mais je sens bien que ça devient difficile de rester assise à chaque contraction. Je mange un peu et rapidement, je me lève et je reste debout; car ça devient impossible de m’asseoir c'est trop inconfortable. 12H50, je mets des sons apaisant sur mon appli, pour me concentrer dessus à chaque contraction. Je sens qu'elles se rapprochent, et je suis debout agrippée au lit. J'essaye de me mettre dans ma bulle et de les accueillir, de les accompagner du mieux que je peux. Elles "tapent" dur, je les sens directement sur le col et dans le bassin. La douleur est t-elle que les larmes coulent. Je dis à David de sonner la sage femme. Elle doit mettre 5 min à arriver, ce qui me semble interminable. Entre deux contractions, j'articule "mais qu'est ce qu'elle fou" ! 13h10, elle ouvre la porte et quand elle me voit, elle me dis directement 'oula, eh bien je crois qu'on va retourner en salle de naissance"

Elle veut m'examiner pour prévenir la deuxième sage femme qui s'occupait de moi là-bas. Elle me demande de me coucher sur le lit, mais je lui dis que je ne peux pas bouger. Je me force à m'y mettre entre deux contractions. Elle m'ausculte, ça me fait un mal de chien, et elle me dis que je suis à 4. 
Elle me demande si je veux y aller en fauteuil, je lui réponds que non, impossible, je ne tiens pas assise. 

On retourne donc en salle de naissance à pied. Je me souviens m'être arrêté au moins 15 fois. Dès que je voyais une barre, un encadrement de porte, je me cramponnais. Les contractions ne me laissaient pas beaucoup de répit, parfois j'en avais deux d'affilées. À ce moment là, je ne rêvais que d'une seule chose : qu'il me pose la péridurale.

13h30, j'arrive péniblement dans la salle de naissance. David me retire mes baskets, mon legging et j'enlève tant bien que mal mon T-shirt. La sage femme m'enfile une blouse et me demande de monter sur la table pour m'ausculter à nouveau. Je me hisse sur le lit tant bien que mal entre deux contractions, elle m'ausculte et dit "vous êtes à 5 large. Je me dépêche je vais chercher l'anesthésiste". Elle sort. Je suis alors en position semi-assise sur le lit, mais c'est insupportable avec la douleur, je me mets instinctivement à 4 pattes sur le lit. J'essaye tant bien que mal de demander à David d'essayer de me faire une pression sur le bas du dos lors de la contraction, mais finalement je ne supporte pas qu'il me touche donc je lui dis d'arrêter.

Il doit être 13h40 à tout casser (car je me souviens que la sage femme venait quasiment de partir), que là, à la nouvelle contraction je me suis mise à hurler, mais à hurler littéralement comme un animal, de douleur. Je ne pensais pas que j'étais capable d'hurler de cette manière. La douleur, les cris, c'est complètement "sauvage". Je n'avais plus aucun répis, les contractions s'enchaînaient. Il n'y avait pas de vagues, rien, les contractions étaient l'une sur l'autre. Je ne pouvais pas parler, ni bouger. Je me souviens m'être dandiné (j'ai su après que c'était un réflexe inné lors d'un accouchement naturel, ce déhanchement aide bébé à passer dans le bassin) et puis j'ai ressentie le réflexe d’éjection fœtale. J'avais envie de pousser. Je sentais ma fille arriver. Je me répétais "Tiens bon, elle arrive, aide la, accompagne la". J'hurle une nouvelle fois, la porte s'ouvre, elles sont quatre femmes a débarquer en courant. "Je pleurais littéralement en disant, je veux la péri" alors que je savais pertinemment que c'était trop tard. Ma sage femme se place devant moi, je lui dis alors : "elle arrive, j'ai envie de pousser". J'hurle une nouvelle fois et avec toute la gentillesse et la douceur du monde, elle me demande de m'allonger pour regarder. Mais je n'arrive pas à articuler quoi que ce soit, et je ne peux pas bouger. Nouvelle contraction, j'hurle. Je crois que c'était pour moi la seule manière d'extériorisé la douleur, je n'ai jamais eu aussi mal de ma vie ! Elle réitère sa demande, j'essaye de balbutier un "j'peux pas".

David voit que je suis bloquée, il me prends et me retourne pour m'allonger. Elle me dit, "effectivement elle est là". Simultanément, elle demande à l'assistante de l'anesthésiste d’arrêter d'essayer de me poser une perf dans la main, car c'est trop tard (oui je pense qu'elle essayait depuis le début qu'elle était rentré dans la salle, mais je ne m'en étais pas détournée, j'étais ailleurs). Elle me place les pieds dans les étrier en 2 secondes et me demande de pousser à la prochaine contraction. Chose qu'elle n'a même pas besoin de demander, car je me retenais jusque là, donc ça s'est fait tout seul.Je ne suis pas sûr, mais je crois que j'ai encore dû lui demander la péri ^^' j'étais au bout de ma vie, clairement !

J'ai poussé une première fois, et j'ai encore cette image en tête : j'ai sentie tout s'ouvrir et s'écarter en même temps pour laisser passer la tête. La sensation est tellement étrange. Je ne peux pas vous dire si j'ai dû pousser une deuxième fois pour que la tête sorte, ça s'est passé tellement vite, en quelques secondes. Je sais juste qu'au moment de la troisième poussée elle m'a demander de stopper. Intérieurement ma réaction ? "non mais je ne peux pas, ça pousse tout seul" J'ai su après que c'était parce qu'Anna avait le bras levé avec le coude contre sa tête et la main vers l'épaule (quelle idée, cette position ma valu une belle déchirure ^^'). Heureusement ça a duré un laps de secondes, c'était juste le temps qu'elle analyse la situation, et puis dernière poussée, j'avais ma fille sur moi. Il est 13h49 !


On appelle le passage de la tête "le cercle de feu", honnêtement je ne souviens pas de la douleur au passage, mais plutôt de la sensation d’écartèlement, qui concrètement me traumatise encore 5 mois après.

À partir du moment où Anna est née, tout est un peu flou. Du moins, tout ce qui tourne autour d'elle, de notre rencontre. Je ne sais pas si je suis allée la chercher ou si on l'a posé sur moi ... Je crois qu'on l'a posé sur moi .. Je ne sais pas si elle a pleuré ... Je me souviens juste avoir dit à David "Oh regarde elle a des cheveux en pleurant. Enfin, est-ce que je pleurais vraiment ? Il me semble, mais plutôt de douleurs. D'ailleurs je me demande si je ne pleurais pas intérieurement ... bref je souffrais, et je n'arrivais pas à me concentrer sur ma fille. À partir de cet instant, j'ai eu l'impression de louper complètement notre rencontre. Je n'arrivais pas à accorder l’accueil que mon bébé méritait. Elle me regardait, je n'avais qu'une envie me souvenir de ce premier regard. Je me souviens m'être dit "imprime cet instant, son regard dans ta mémoire" et rien ... je ne m'en souviens pas.

Au bout de quelques minutes, la puéricultrice la prise pour faire son Check up, et il était venu pour moi le temps d'expulser le placenta. Les deux sages femmes, m'encourageaient et me disaient "Vous allez voir, vous allez comprendre pourquoi cela s'appelle la délivrance" Pour l'aider à sortir, elle a légèrement tiré sur le cordon deux trois fois, et je me souviens de ce passage ... d'avoir senti comme un gros sac flasque sortir .. c'était douloureux et j'ai absolument pas compris la notion de "délivrance" ...

S'ensuit alors le moment, où je lui ai posé la question fatidique "est-ce qu'il faut recoudre ?" Quand j'ai entendu sa réponse, moi qui était totalement crispée, dans la douleur, je me suis mise à paniquer. Je lui ai demandé de me mettre de la morphine, elle ne voulait pas ... Je suppliais l'équipe en pleurant de faire quelques choses pour que je ne sente rien ... La sage femme m'a alors dit qu'elle allait faire une anesthésie locale, que je sentirais, mais que ce ne serait pas douloureux ...

Hors depuis petite, j'ai peur de la douleur. Rien que penser avoir mal, ou voir une goutte de sang peut me faire tomber dans les pommes ... Alors je vous laisse imaginer ... Je pleurais. Elles se sont mises les 4 autour de moi, elles me tenaient les mains, et les jambes... Je suppliais ... Mes jambes tremblaient, et dès que la sage-femme essayait de s’approcher pour piquer, réflexe, je fermais les genoux pour ne pas qu'elle me touche. Je ne contrôlais absolument rien, c'était instinctif. Face à ma réaction, la sage femme qui étant plutôt jeune et ne sachant pas quoi faire, a décidé d'aller chercher une sage femme plus expérimentée pour l'aider. En parallèle, elles ont décidé d'aller chercher du gaz à respirer pour me détendre un peu.

Je revois encore la scène : la sage femme essayant d'accéder tant bien que mal à mon périnée, et deux autres qui ne comprenaient pas comment fonctionnait la bouteille, comment il fallait la brancher au masque ... elles ouvraient la fenêtre, pinaillaient ... Sur l'instant, je me souviens avoir pensé "Mais quelle bande d'empotées ..."

Une nouvelle sage femme est alors arrivée pour m'anesthésier localement et me recoudre. Face à ma réaction défensive : je n'étais pas agressive, mais je les empêchais de m'approcher avec mes mains et en fermant les cuisses. J'avais peur de la douleur, qu'elles me touchent ... Honnêtement, je ne contrôlais pas mon corps, c'était un mécanisme de défense. Elles se sont donc mis à quatre pour me tenir mains et jambes. L'anesthésiste m'a alors engueuler en me disant "Madame, vous venez d’accoucher sans péri, vous ne voulez quand même pas qu'on vous fasse une anesthésie générale pour vous recoudre" Je lui disais si en pleurant. La puéricultrice l'a alors regardé avec un regard choqué lui répondant " ben quand même ..." La nouvelle sage femme quant à elle, m'a alors fait comprendre un peu sèchement, qu'elle venait donner de son temps pour me recoudre alors qu'elle avait d'autres patientes, qu'elle n'était pas obligé d'être là ...

Verdict, j'étais terrorisée, j'étais paniqué, malheureuse que la seule présence de ma fille ne suffise pas à m'apaiser et je me sentais horrible et méchante ... alors que je ne cessais de m'excuser en leur disant "je suis désolée, j'ai peur de la douleur depuis toujours ... je ne fais pas exprès ..." mais clairement j'avais l'impression que personne ne comprenait ma détresse ...

Ne pouvant plus bouger, la sage femme m'a alors piqué et elle a commencé à me recoudre .. ce n'était pas douloureux, mais je sentais tout. La seule présence réconfortante qui m’apaisait était celle de la puéricultrice. Malheureusement elle a dû sortir car après avoir tergiversé 10 ans le masque à gaz était opérationnel et étant elle-même enceinte, elle ne pouvait pas rester dans la pièce ... elle a alors laisser sa place à l’assistante de l’anesthésiste à qui on a demandé de me parler pour détourner mon attention. Et clairement, elle ne savait pas quoi me dire. Hors je savais qu'il fallait vraiment que je dirige mon esprit ailleurs que sur ce qui se passait en bas. Résultat, c'est moi qui ai lancé la discussion en lui posant des questions. Je me souviens lui avoir demandé ce qu'elle faisait comme spécialité. Elle m'a répondu qu'elle était plus en réanimation et sur d'autres techniques visant à apaiser les patients comme elle était en train de le faire en ce moment. Cela peut paraître horrible, mais à cet instant, je me suis dit " eh bien t'es nulle ma grande, je suis en train de faire ton boulot à ta place". J'essayais tant bien que mal a occuper mon esprit.

Durant tout ce temps, Anna faisait du peau à peau avec son papa, à 1m de moi. Quand le moment de torture fut terminé, je souhaitais qu'une chose : enfin rencontrer et découvrir ma fille ! Mais je ne pouvais pas, mon corps tremblait, je ne contrôlais pas mes jambes qui avaient clairement des spams, et ça ne s’arrêtait pas ... La sage femme, la plus jeune, celle qui m'a accouché, m'a alors expliqué que c'était une réaction normale du corps, dû au choc ... Hors, je voulais accueillir ma fille dans de bonnes conditions, sereinement, j'ai donc dû attendre une bonne heure que les tremblements se stoppent ou du moins diminuent convenablement. En attendant, je m'en voulais de pas avoir su gérer ... et de ne pas avoir accueilli Anna comme je l'aurais aimé.


Et puis, j'ai pu l'avoir contre moi. La puéricultrice est revenue et m'a guidé pour la tétée d’accueil. Cette nouvelle sensation n'était pas sans douleurs, mais c'était beau. J'avais ma fille tant rêver, tant espérer coller à moi et je l'admirais, la découvrais. Enfin, on se rencontrait vraiment ! C'était doux, tellement doux, apaisant et merveilleux.

Peu avant le retour en chambre la puéricultrice est venue habiller Anna et lui faire ses soins. Elle était accompagné de la sage femme. Elles m'ont alors raconté en rigolant, qu'elles avaient dû aller faire le tour des 9 autres patientes en salle d'accouchement et de travail car plus aucunes futures mamans n'avaient osé sonner suite à mes cris. Elles étaient gentilles car ça ressemblait plutôt aux hurlements d'un animal à l'agonie hein ... en tout cas, c'était d'une puissance que je n'aurais jamais imaginé. De retour, en chambre, on m'a proposé, suite à cet accouchement un peu "brute, de demander à parler à quelqu'un si j'avais besoin d'en discuter. J'ai alors répondu que pour le moment ça allait. Les jours qui suivirent je me suis dis que ça allait, que j'allais gérer comme une grande ...

5 mois après, je peux vous dire que je n'aurais jamais imaginé que cet accouchement aurait un tel impact sur moi ... sur certains aspects de ma vie intime. Au delà de la rapidité et de l'absence de péridurale, qui font que la sensation d'écartèlement est toujours bien présente ... Je suis profondément marquée par la violence de la phase de soins post accouchement. Je me suis sentie comme une enfant, incomprise et méchante ... que l'on réprimandait, et que l'on n'écoutait pas ... Les mots durent de la sage femme et de l'anesthésiste, mon esprit n'arrive pas à les oublier. Sans parler de l'instinct de défense profondément inscrit dans les réflexes du corps, qui ne veut pas s'effacer ... J'ai pris petit à petit conscience de la violence mentale et psychique de ce que j'ai vécu. Je pensais surmonter cette épreuve seule, mais je crois que ce ne sera pas suffisant.

Heureusement, en attendant de réparer tout ça, j'ai le plus merveilleux des trésors qui m'apaise de la plus douce des manières 💛 J'ai mis quelques jours a intégrer que j'étais de nouveau maman, j'étais sur mon nuage et je peux vous confirmer qu'on peux aimer deux enfants d'un amour fou et inconditionnel 😍


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1 commentaires

  1. Je te lis, plusieurs mois après (tu as d'ailleurs publié ton article seulement 4 jours avant la naissance de mon fils) - la violence que tu as subie est inouie. Je n'en reviens pas que l'on puisse traiter comme ça une personne. J'espère que tu arrives doucement à aller un peu mieux.

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