jeudi 17 mars 2022 Mes post-partum en toute transparence !


J'ai commencé à rédiger cet article lorsque Anna a eu 9 mois et je le termine aujourd'hui alors qu'elle vient tout juste d'en avoir 15 ... 15 mois que je n'ai pas vu passer ... J'ai l'impression que sa naissance était hier et pourtant les premiers mois me semblent si lointains, mon esprit commence déjà à oublier. Il bonifie ces mois qui se sont écoulés en ne gardant que le meilleur, le beau, le doux, tout en diluant les souvenirs beaucoup plus difficiles qu'engendre un post-partum : la fatigue, les petits maux, la chute d'hormones, les humeurs qui jouent aux montagnes russes, les doutes, les pleurs, la solitude, la découverte et l'acceptation de ce nouveau corps, l'apprivoisement de son nouveau soi et la quête d'une nouvelle stabilité familiale qui a clairement explosé au vol.

On dit qu'il faut neuf mois pour créer un petit être, et qu'il en faut neuf autres pour se retrouver, retrouver son corps, ou du moins accepter ce nouveau corps portant les traces de la maternité. On parle du quatrième trimestre, car bien sûr les trois premiers mois sont les plus difficiles, mais en réalité le post-partum c'est bien plus que ça, parler d'une année serait bien plus juste.

Aujourd'hui, j'avais envie de parler de cette période par ici, ça me tient à coeur, que ce soit pour moi, pour toi qui traverses peut-être cette épreuve, et aussi pour toutes ces femmes qui un jour la découvriront. Nous sommes en 2022, et si ce sujet commence à faire parler, beaucoup de choses restent encore sous silence ! On glorifie la grossesse, on glorifie la naissance, mais que se passe-t-il après ? Combien de mères se prennent leur après-grossesse en pleine face sans s'y attendre ? Il paraîtrait que c'est pour ne pas faire peur aux futures mères, moi je considère qu'il n'y a pas pire pour provoquer une grande détresse. Le savoir, c'est le pouvoir ! Savoir à quoi s'attendre, savoir que l'on va sauter à pieds joints dans une étape qui est loin d'être facile, permet de se préparer, de relativiser, de rendre le post-partum plus doux.

Je suis de celle qui s'est pris son post-partum en pleine face la première fois ! J'ai tout découvert sur l'instant, et clairement j'étais en colère. En colère que personne, ni ma mère, ni ma grand-mère ne m'ait parlé de quoi que ce soit. C'est comme si on m'avait poussé du dernier étage sans filet pour me rattraper.

C'est pour cela, que je vais parler ici sans filtre, parce que savoir ne peut avoir que du positif ! On peut décider de ne pas s'informer, par peur, je peux le comprendre, mais cela devrait être un choix et non une normalité. Pour ce deuxième bébé, je savais à quoi m'attendre et ça m'a vraiment permis de vivre ces derniers mois beaucoup plus sereinement.

Mon premier Post partum, l'impact sur le corps

Quand j'étais enceinte d'Augustin, j'avais une seule appréhension : l'accouchement. J'avais peur d'accoucher, j'avais peur d'avoir mal ! Plonger dans le rôle de mère, m'occuper de ce petit être que j'attendais impatiemment ne me faisait pas peur et ne relevait chez moi aucune crainte particulière. J'étais très sereine à ce sujet, j'avais confiance; mais il y a une chose à laquelle je n'étais absolument pas préparée : comment mon corps et mon esprit allaient vivre le post partum dont on n'entends pas parler. En 2018, le sujet était encore très peu abordé, désormais il devient un peu plus commun de l'évoquer.

Mon premier accouchement a été long, sous péridurale, sans douleurs ... j'ai vécu ça de manière très douce. Pour découvrir le récit de la naissance d'Augustin, c'est juste ici. À l'époque ça me convenait parfaitement. Cependant, c'est après que j'ai souffert physiquement. Ce premier accouchement a laissé beaucoup de séquelles sur mon corps. J'ai accouché par voie basse et j'ai été extrêmement déchirée. La sage femme m'a recousu pendant 1h et s'est ensuite stoppé en me disant que je saignais trop. Elle a placé une mèche en espérant que ça arrête les saignements, ce qui a fonctionné. Je suis arrivée en chambre vers 23h, je me suis alors rendu compte que me déplacer était difficile et douloureux ... chose dont je ne me serais pas doutée une seule seconde. Je n'arrivais pas à tenir debout, ni à me tenir droite. Je marchais le dos courbé vers l'avant, chaque pas, chacun de mes mouvements étaient difficiles. Je marchais en "canard". Étant donné que j'avais eu une péridurale, on m'a demandé de vider ma vessie rapidement. Je vous laisse imaginer la douleur pour s'asseoir sur les toilettes, l'appréhension d'avoir mal en urinant puisque ça allait toucher des plaies ... et le fait d'essayer d'uriner sans ressentir sa vessie, car finalement tout est endormie, endolorie. Je n'ai évidemment pas réussi et le fait d'être pressé par le temps n'a absolument pas aidé.

Résultat : on m'a laissé dormir jusqu'à 5h du matin et on est venu me réveiller pour me poser une sonde urinaire. J'ai bien entendu hurler de douleur et démoli le bras de l'infirmière qui me l'avait gentillement prêté en guise de soutien.

Heureusement, le lendemain, cet épisode a été rapidement clos. Cependant, les difficultés à me mouvoir et m'asseoir étaient toujours bien présentes. Je ne pouvais que m'asseoir sur une fesse et pour monter sur le lit, clairement je me hissais. J'ai fini par demander une bouée afin de pouvoir m'asseoir  "normalement". Évidemment, personne ne m'a donné d'explications à ce sujet. Ce n'est seulement que le troisième jour, qu'une sage femme qui est venue m'examiner pour la sortie m'a dit : "Mais Madame, vous savez que vous avez un hématome gigantesque ainsi qu'un hémorroïde ? Ceci explique grandement vos douleurs" 
Ajouter à cela des jambes, des pieds, et des chevilles gonflés comme des poteaux ... Je suis sortie de la maternité avec des bas de contentions, des crèmes et des suppositoires pour les hémorroïdes. Voici ma première rencontre avec notre ami, le post-partum. J'ai mis un mois et demi pour pouvoir remarcher et m'asseoir correctement.

Je me suis longtemps assise sur le côté, donc je vous laisse imaginer les dégâts sur mon dos et mon bassin ... surtout que suite à l'accouchement les os de mon bassin ne s'étaient pas refermés comme il le fallait, ce qui me provoquait des douleurs constantes au niveau du pubis dès le réveil et toute la matinée généralement. Je suis donc allée voir mon ostéo qui a fait son maximum pour tout resserrer, mais c'est assez long à guérir, j'ai dû me bander, me serrer extrêmement fort le bassin tous les matins pendant plusieurs mois avec un foulard, afin de continuer le travail fait par mon ostéo. Sans cela la douleur était vraiment horrible. À savoir que si les sages femmes dans l'heure qui suivait mon accouchement avaient resserré mon bassin en exerçant une tension de chaque côté avec des linges ou des draps, je n'aurais pas eu ce problème. Cette technique est très répandue dans les pays africains, mais pas du tout en France.

Je pense que vous l'aurez compris, pour moi mon premier post partum a été surtout douloureux à cause de toutes ces séquelles sur mon corps. Comme pour toute jeune maman, j'ai eu également quelques crises de pleure dû au combo fatigue et chutes d'hormones, et à chaque fois pour des choses insignifiantes ^^'. Le rapport à mon corps, retrouver un peu ma taille, rentrer de nouveau dans mes jeans a été très rapide, et je ne m'en suis pas spécialement pré-occupée ... En soi, je n'ai pas ressenti d'impact du post partum sur mon intimité et mon couple, du moins pas à l'instant T. Je me rends compte aujourd'hui que j'avais clairement des oeillères. En réalité, j'ai l'impression d'avoir échoué dans l'une des épreuves la plus difficile qui soit tendue a un couple à l'arriver d'un enfant : trouver sa place et laisser l'autre parent prendre la sienne.

Passer de deux à trois, devenir une famille 

On s'est marié le jours des 3 mois d'Augustin donc on a rapidement été absorbé par ce projet et il s'en ai suivi la construction de la maison. Entre son travail et le chantier, David a donc été peu présent les 18 premiers mois. Je gérais le quotidien de A à Z, et au final je ne l'ai pas laissé, ni aidé à pendre sa place. 

D'un côté, je voulais qu'il soit un papa moderne, qu'il s'occupe de notre fils autant que moi, qu'il prenne des initiatives, qu'il connaisse notre bébé, son rythme, ses habitudes comme moi. Bref qu'il soit mon double en fait. Et d'un autre côté, c'était trop difficile pour moi de le voir s'occuper d'Augustin d'une manière différente de la mienne ... Pourtant c'est en faisant qu'on apprends et ce n'est pas grave que le papa ait des gestes ou manières différentes de la maman ... mais ce n'est pas forcément évident de lâcher prise, voire pas du tout. Ainsi, il avait les instants câlins et jeux avec Augustin, et je m'occupais du reste. 
Aujourd'hui, je me rends compte que j'étais focalisé sur mon rôle de maman. À la naissance d'Augustin, m'occuper de lui était naturel pour moi, je suivais mon instinct et c'est tout. Hors pour David (comme pour tout jeune papa généralement) ça ne relevait pas d'une évidence, d'une part il y a ce côté nourrisson fragile qui impressionne et d'autre part comme il me l'a déjà dit, pour lui, cela devient intéressant quand il commence à y avoir de l'interaction.

Je pense que nous avons trouvé un réel équilibre familial apaisé autour des 20 mois d'Augustin et cela n'a pas été un long fleuve tranquille. 
Je suis le genre de personne qui va encaisser jusqu'à ce que ça explose. Durant 1 an et demi, on s'est enlisé dans cette routine quotidienne sans s'en rendre vraiment compte ... Je me suis retrouvée à en vouloir à mon mari de ne pas s'investir assez dans le quotidien avec Augustin ... mais la situation était un cercle vicieux entre ce que je souhaitais réellement et ce que je laissais faire ... 
J'ai complètement craqué quand j'ai découvert ma deuxième grossesse. Pour moi un deuxième bébé dans cette situation ce n'était pas possible ... et puis la fausse couche qui s'en est suivi à complètement redistribuer les cartes. On s'est tous deux pris une grosse claque, mais qui nous a finalement solidifié en tant que couple. On est, l'un comme l'autre, ressorti grandi de cette épreuve. En parallèle, Augustin grandissait, donc il m'était plus facile de le laisser avec son papa sans essayer de "tout contrôler". 
Le déménagement dans notre maison, nous a aussi délesté d'un gros poids (qui n'est pas des moindres dans un couple et peut apporter beaucoup de stress et de tensions). 
Rétrospectivement, j'ai l'impression qu'après tout ce cheminement, nous sommes passés d'un schéma familial où j'avais le sentiment de ne faire qu'un avec Augustin à un noyau Charlène, David et Augustin. L'arrivée d'Anna est vraiment venue envelopper, consolider notre petite famille. Et je pense pouvoir dire qu'avec Anna, j'ai vraiment vu David dans ce rôle de papa, tel que je l'avais imaginé depuis toujours, et ce dès sa naissance. 


Mon deuxième post-partum 

Pour Anna, j'étais préparé ! J'appréhendais le post-partum, je savais que j'allais souffrir, je m'y attendais, c'est ce qui me faisait le plus peur finalement alors que l'accouchement pas du tout. Et puis la vie ...
Lors de l'arrivée de notre crevette tout s'est inversé ! Je voulais une péridurale pour ne pas souffrir, j'ai accouché en moins d'une heure dans la douleur la plus animale possible, sans y être préparé ... Je vous le racontais ici, mais ce deuxième accouchement a été violent autant physiquement que psychologiquement pour moi. La douleur était telle que j'ai cru mourir. Je vous invite à aller lire le récit de la naissance d'Anna qui vous permettra de comprendre la suite de cet article. 

Si je n'ai pas très bien vécu l'accouchement et les soins qui s'en sont suivis, la suite a été beaucoup plus douce, rien à voir avec ce à quoi je m'attendais. 
J'ai immédiatement pu marcher et bouger normalement. Une fois de retour en chambre, je me suis étonnée d'avoir envie de faire pipi et j'ai demandé à la sage femme si c'était possible 😂 ! Rien à voir donc avec la sonde urinaire de la première fois.
C'était tellement agréable d'avoir une motricité normale, un gros soulagement pour moi ! Par contre concernant les tranchées (contractions de l'utérus), qui se déclenchent qui plus est à chaque tété, aie aie aie, je ne vais pas vous mentir on les sent passer, surtout quand elles s'ajoutent à un allaitement douloureux. 

Mon bassin lui par contre comme pour la première fois avait du mal à se refermer, donc j'ai rapidement eu mal au pubis. Cette fois, je savais ce qu'il fallait faire, alors je n'ai pas attendu le rendez-vous chez l'ostéo programmé 1 mois plus tard. Je me suis immédiatement bandée le bassin quasiment des journées entières et ça m'a grandement soulagé.
J'ai de nouveau eu le duo jambes, chevilles, pieds gonflés et hémorroïde ahah d'ailleurs je crois en parlant du dernier que c'est le genre de chose qui reste à vie ^^'
Si je trouve que mon corps s'est remis assez rapidement de ce deuxième accouchement, par contre j'ai découvert une tout autre facette du post-partum.

Le chemin de l'acceptation de son nouveau corps

Comme évoqué précédemment, le regard porté sur mon corps après ma première grossesse ne m'a pas perturbé, je dirais que je n'y ai même pas fait attention.
Cette fois-ci par contre, j'ai mis beaucoup plus de temps à perdre mon ventre, mais les vergetures l'ont épargné. Rien que pour cela, je m'estime chanceuse et reconnaissante, vraiment. Je me rends également compte qu'au niveau des hanches je me suis bien élargie et que ce n'est plus aussi ferme, ce qui nécessiterait un peu de sport ^^' Hors, il y a une chose qui me perturbe et que j'ai encore un peu de mal à accepter, c'est l'état de ma poitrine ...
Il n'y a pas d'autres mots, mais l'allaitement l'a complètement "bousillé" ! J'ai toujours eu une petite poitrine et cela ne m'a jamais dérangé ou complexé. Suite à ma première grossesse et à la montée de lait, deux petites vergetures étaient apparues à la naissance d'Augustin. Cependant, depuis que j'ai allaité Anna 2 mois et demi (je n'ai pas allaité Augustin), je ne remplie plus mes soutiens-gorge, j'ai l'impression d'avoir perdu une taille de Bonnet alors que je n'avais qu'un petit bonnet B initialement ^^' et je trouve ma poitrine flasque ... Je me retrouve à avoir des difficultés à m'habiller : au niveau du décolleté, en fonction des coupes, ça baille complètement ... ^^'

Aujourd'hui, je regarde cette silhouette avec beaucoup de bienveillance, mais les premiers mois ça été difficile de ne pas se focaliser sur ce que je voyais dans le miroir. L'indulgence et la patience sont nos meilleurs alliés en post-partum.

Si je devais vous donner quelques conseils pour vous aider à mieux vivre cette étape, ce serait les suivants : offrez-vous quelques minutes le matin pour vous sentir belle (se coiffer, se maquiller ...), un petit tour chez le coiffeur, ça fait du bien au moral et à vos cheveux qui vont subir la chute d'hormones; si vous le pouvez offrez-vous un soin, un massage, un moment détente ... et enfin, je ne vous conseillerais pas de vous racheter entièrement une garde robe dans l'immédiat (parce que ce n'est pas écolo, et en plus votre corps va évoluer durant quelques mois) mais si vous avez besoin de vous faire plaisir dans de la lingerie ou une tenue pour vous sentir bien et belle, allez-y :)
 

Maman, mais pas seulement

Une grossesse et un accouchement sont des chamboulements qui ne sont pas anodins. Devenir maman nous change forcément. La maternité modifie notre manière de voir la vie, et peut avoir un impact sur nos envies, nos aspirations. On se retrouve à faire passer les besoins d'un petit être avant les nôtre, être mère nécessite beaucoup de don de soi et de résilience. Nos priorités évoluent et parfois, cela peut être difficile à accepter, car on se rend compte que la majorité de notre temps ne va plus être uniquement dédiée à notre propre personne.

Au début, on a ce sentiment que notre identité se définit uniquement par notre rôle de maman et c'est souvent le cas, c'est normal. En fonction de notre personnalité et notre tempérament, on le vit plus ou moins bien. Il faut donc réapprendre à se découvrir et reconstruire notre identité qui allie maintenant les facettes de femme et mère. Trouver le juste équilibre entre les deux prend du temps. Pour être passée par cette étape deux fois, je sais que je n'ai aucun problème à me donner entièrement à mon bébé les premières semaines, à vivre à son rythme et à laisser le reste de côté.

Cependant, au bout de trois mois, je commence clairement à suffoquer et j'ai besoin de retrouver mon petit espace personnel, du temps pour moi, pour faire ce que j'aime comme mon travail par exemple. Chez moi, cela se manifeste assez rapidement, mais cela dépend des femmes, on a toute notre rythme et nos particularités. Le fait est, qu'il faut se sentir prête à se détacher un peu de son bébé et oh je sais combien c'est douloureux et difficile les premières fois.

Je me souviens que pour Augustin, j'ai très rapidement repris le travail, car je venais de me mettre à mon compte et j'ai eu le droit à un congé maternité d'un mois. Un jour, j'ai donc eu un contrat à boucler pour un client. David a alors pris Augustin une journée et ils sont allés chez ses parents pour que je puisse travailler. Augustin devait avoir 1 mois et demi ... Eh bien, je n'étais pas prête .. J'ai pleuré toute la journée et je me sentais vide ... j'avais l'impression qu'on m'avait arraché le coeur ...
C'est pour cela que pour Anna, j'ai voulu en profiter un maximum. J'ai eu 3 mois et demi de congé maternité durant lesquels j'ai pouponné pour mon plus grand bonheur. Et puis dès que j'en ai ressenti le besoin, je me suis remise petit à petit à retravailler avec elle à mes côtés. Je précise que c'est un bébé qui dormait très bien et faisait de belles siestes, ce qui me donnait un peu de temps en journée, ce n'est pas le cas avec tous les bébés.

Il était prévu qu'elle fasse son entrée à la crèche en septembre pour ses 9 mois. Je savais qu'à partir de cet âge, elle aurait d'autres besoins et qu'elle commencerait à vouloir toucher à tout, à se déplacer etc. donc que ça deviendrait difficile de travailler. Et vraiment, c'était la bonne période, j'étais prête à la laisser et j'en avais besoin. J'avais besoin de retrouver un rythme de travail et de souffler un peu. De laisser ma casquette de maman quelques heures. Les premiers jours, ne pas la savoir près de moi n'était pas évident, car il y a comme un vide. J'avais beaucoup de mal à me concentrer.
Je pense que la plupart des mamans pourront confirmer, mais les premières fois où on se retrouve avec du temps libre sans son bébé, on se sent clairement perdu ... Notre esprit passe de 100% bébé au néant, si je puis dire ^^' On se sent nu, c'est très étrange comme sensation et ça demande un temps d'adaptation. Petit à petit, les éléments de notre vie se remettent en place et on trouve enfin notre équilibre personnel.

Trouver un nouvel équilibre familial

L'arrivée d'un nouveau-né bouleverse une vie. Cela engendre des bouleversements envers notre propre personne, dans la vie de couple, mais également sur le plan familial si on a déjà des enfants. Lorsque j'étais enceinte d'Anna, il y a une chose que j'appréhendais : le passage d'un a deux enfants. Comment allais-je pouvoir gérer le quotidien avec deux enfants et surtout comment allait se passer l'arrivée de cette petite soeur pour Augustin, comment allait-il réagir ?

Dès le début de ma grossesse, on a commencé à préparer Augustin à l'arriver du nouveau bébé. On lui en parlait quasiment tous les jours, on préparait les affaires d'Anna avec lui, on l'a impliqué au maximum. On a également lu beaucoup de livres à ce sujet. Au final, il avait aussi hâte que nous de rencontrer "le bébé" comme il l'appelait. 

Dès notre retour de la maternité, il a endossé son rôle de grand-frère, c'était magnifique à voir. En tant que parent, nous n'aurions pas pu rêver mieux. Bien sûr, cela a chamboulé son quotidien et ça s'est ressenti, mais surtout envers moi, pas du tout envers sa soeur, et je peux dire que c'était un gros soulagement. Concrètement il ne m'écoutait plus, peu importe ce que je lui disais. Il avait tendance à faire comme s'il ne m'entendait pas. J'ai essayé d'attirer son attention avant de lui parler et j'ai répété parfois 10 fois la même chose avec douceur et patience, mais il y a des moments où j'avais vraiment l'impression de faire l'adjudant chef ^^' Je n'ai rien lâché tout en étant compréhensive et la situation s'est progressivement réglée.

Les premières semaines ont été éprouvantes, j'ai privilégié le bien-être de mes enfants pour qu'aucun des deux ne manquent d'attention. Je passais clairement mon temps à jongler entre leur deux petites personnes. Quand Anna dormait, je me rendais disponible pour Augustin. J'essayais de l'impliquer dans absolument tout, je jouais avec lui, et je n'esquivais aucun rituel. 
Autant dire que je n'avais pas 5 min, puisqu' avec le covid, il n'a repris la crèche que mi-mars. J'essayais de tout lui expliquer pour qu'il comprenne pourquoi parfois je n'étais pas disponible à l'instant T, et qu'il devait patienter. Est-ce qu'il en a profité pour faire des bêtises en me regardant droit dans les yeux, alors que j'étais coincé sur le canapé en train d'allaiter ? Évidemment ^^' J'ai clairement pris mon mal en patience, en dialoguant. C'est un choix que j'ai fais pour que chacun trouve sa nouvelle place au sein du noyau familial, le plus aisément possible. Je voulais éviter toute frustration envers sa soeur. Pour moi, c'est de cette manière que je me suis dit que cette étape allait s'écouler le plus vite possible, sans trop de carambolage. Petit à petit, c'est devenu plus fluide, et on a trouvé notre rythme et notre organisation.

Accueillir un nouveau petit être au sein de son foyer bouleverse toutes les bases initialement instaurées. Au début tout nous prends un temps fou.
Les premiers temps, j'avais l'impression de passer mes journées à m'occuper d'eux et de la maison sans 5min de répit, ni pour moi, ni pour quoi que ce soit et c'est vite usant. Cela m'a valu quelques crises de larmes enfermée dans la salle de bain ^^'
Cependant, avec un peu patience, on se rends compte qu'un nouveau rythme et de nouveaux repères du quotidien s'installent de manière fluide. C'est comme pour tout quand il est question de "Maternité", quand on est dans une phase difficile, il faut se dire que "tout passe" et ça aide à tenir et passer cette période plus facilement. Je pense qu'il nous a fallu bien 2 mois et demi, trois mois pour que j'arrive à me dire que tout roule, "ça y est je gérais d'être une maman de deux enfants" !


Se retrouver en tant que couple

Le post-partum est vraiment un cheminement aux plusieurs facettes. Peu de personnes, voire personne ne vous en parlera ... mais la maternité laisse peu de place à la vie de couple et aux moments à deux au début.

Avant de pouvoir accorder du temps à son conjoint, il y a un peu de chemin à parcourir car premièrement en tant que maman, répondre aux besoins d'un nouveau-né va prendre quasiment tout notre temps et notre énergie. En parallèle, il va falloir trouver quelques minutes pour pouvoir répondre à nos propres besoins : prendre une douche, manger, aller aux toilettes ... Ajoutons à cela les tâches du quotidien ... Clairement, il faut attendre de trouver le bon rythme de croisière pour pouvoir avoir le temps et l'envie de réinvestir son couple. Il ne faut pas s'inquiéter c'est une phase normale, mais on peut plus ou moins bien le vivre. Il ne faut surtout pas hésiter à communiquer sur le sujet et préparer son conjoint avant l'accouchement, ce n'est pas mal non plus.

Pour Anna, je savais très bien qu'on allait passer par cette phase, mais quand on est en plein dedans, ça peut rapidement devenir lourd à vivre. En tant que maman, on se donne entièrement au petit bout que l'on vient de mettre au monde : c'est très prenant et en fonction de notre personnalité, on peut vite se sentir seule et le conjoint se sentir délaissé.

Les premières semaines m'ont paru difficiles, car je passais mes soirées seule avec Anna. David ayant des horaires de travail particuliers, on ne faisait que se croiser. On ne dormait quasiment jamais ensemble. Mon mari me manquait, c'était comme si on était colocataire. On a eu la chance qu'Anna dorme la nuit très rapidement. Le dernier biberon s'est donc progressivement décalé. 1h du matin, minuit, 23h, 22h30 ... Puis vers ses 3 mois, elle était couchée pour sa nuit à 20h30 comme son frère ce qui nous a permis de se retrouver un peu à deux le soir, même si on était clairement éreintés. Cependant, rien que le fait de se coucher ensemble en même temps, ça faisait un bien fou !

Donc pas de panique si vous avez la tête dans le guidon les premiers temps, et que vous avez l'impression de ne plus rien partager avec votre conjoint, c'est normal ! Et les disputes ? Normal aussi ;) La fatigue et les ajustements que nécessite l'arrivée d'un enfant n'aident pas ! Je dirais qu'il n'y a qu'une seule chose pour aider à surmonter tout ça : la communication ! Ne jamais oublier qu'on pense et réfléchit toutes et tous différemment. J'ai déjà remarqué que pendant la grossesse et après mes accouchements, David marche sur des oeufs et fait très attention à ne pas me contrarier par exemple; et de mon côté, j'ai compris qu'on résonnait différemment. Si j'ai besoin de quelque chose, qu'il fasse quelque chose, je l'exprime directement maintenant, ça évite de la frustration et de l'énervement ^^

Retrouver une intimité

Enfin, je crois que la dernière phase du post-partum, est de retrouver son intimité en tant que couple. Cela peut être aussi facile et rapide, qu'être long et semé d'embuches, et c'est propre à chacune.

Je fais partie de ces femmes pour qui c'est compliqué, très compliqué ! Il me faut énormément de temps ...  et plus le temps passe, plus on se rend compte que cela peut devenir un poids au sein du couple. Ce qui n'aide clairement pas. Hors, qui en parle ? Personne ! Ce n'est pas le sujet que va aborder notre mère, notre grand-mère ... les copines peut-être et encore. Cela pourrait être, par exemple, abordé en fin de grossesse par la sage-femme ou durant les cours de préparation à l'accouchement ... en tout cas, en ce qui me concerne, personne n'a abordé le sujet durant l'une ou l'autre de mes grossesses. La seule fois où une personne a mis des mots sur cette étape intime, c'était lors de mon rendez-vous de contrôle 8 semaines après la naissance d'Anna. En parler avec la sage femme, m'avait fait un bien fou ! Bien entendu, cela n'a pas réglé mes peurs et mes appréhensions, mais je me suis sentie comprise et soulager de ne pas être seule au monde à vivre ça.

Parce que retrouver une intimité quand un bébé est passé par vos voies génitales, c'est loin d'être évident, qui plus est quand on a été déchiré, et recousu ! Pour Anna, n'ayant pas eu de péridurale, je me souviens de chaque sensation. Bien sûr ça s'atténue avec le temps, mais je peux vous dire que 15 mois après, ça n'a pas complètement disparu. Un accouchement laisse des traces sur le corps et l'esprit, c'est donc parfois difficile de dissocier cette image de son vagin.

Je sais que ce sujet est très peu abordé, ici je vous livre un peu de mon intimité, mais après mon premier accouchement, j'aurais aimé savoir. Pouvoir en parler, du moins savoir que c'était normal ... me sentir moins seule. Contrairement à un homme, la sexualité chez une femme est cérébrale, donc il faut laisser le temps faire son oeuvre, l'esprit oublie petit à petit. Rien ne sert de se précipiter, mieux vaut se sentir prête pour sauter le pas en douceur. La compréhension et la patience du conjoint est également nécessaire, donc il ne faut pas hésiter à en discuter ouvertement.

Je le racontais dans le récit de la naissance d'Anna, mais j'ai très mal vécu les soins post-accouchement, et ça a eu un immense impact sur ma vie intime. Aujourd'hui, cela va mieux, mais mes appréhensions reviennent par vague, et ça je ne le contrôle absolument pas. Pendant une longue période, je ne supportais pas, ne serait-ce une main sur la cuisse ou le ventre. Je m'énervais et partais en sanglots. J'ai du faire un énorme travail sur moi-même. J'ai fait beaucoup de chemin toute seule, mais pour refermer totalement ce chapitre, j'ai décidé d'être accompagné par une psychologue.

On parle beaucoup de la chute des hormones, du baby blues après une grossesse, mais clairement le post-partum pour une femme, c'est loin de se restreindre à ça. Qui plus est le post-partum n'a pas de durée prédéfinie, il est propre à chaque femme et surtout à chaque naissance. Parler du quatrième trimestre est donc à mon humble avis un peu réducteur, car je pense qu'il faut bien une bonne année pour que le corps récupère totalement d'une grossesse et d'un accouchement.

Ici, je vous partage mon expérience personnelle. Chaque femme vie et traverse le post-partum différemment. C'est pour cela que le partage d'expérience, à mon sens est aussi enrichissant et nécessaire. J'espère que cet article fera du bien et ne pourra être que bénéfique à chaque maman, futur maman, femme qui l'aura lu :) De mon côté, j'adore écouter des podcasts sur la maternité et voici mes préférés que je vous recommande : Bliss stories, La Matrescence et le Quatrième Trimestre.

A très vite, je vous embrasse,
Charlène 

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1 commentaires

  1. Ce texte est bouleversant.. Je n'ai pas encore la chance d'être mère mais je vous remercie pour vos maux/mots, vous contribuez à la normalisation du post partum et à faire savoir ce qu'il est réelement.

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